Ces derniers temps, au Standard, les choix de l’entraîneur se faisaient souvent « par défaut », faute de mieux. En cette fin de mois de septembre, pour la première fois depuis son arrivée à Sclessin, Ivan Leko a l’occasion de faire des choix volontaires, et implémenter une réelle identité tactique.
On l’a déjà écrit. Par rapport à ses moyens, sa situation financière et ses résultats récents, le Standard a réalisé un mercato plus qu’intéressant, même si plusieurs recrues sont arrivées en prêt avec des options d’achat qui seront difficiles à lever.
Alors que les premiers arrivants sont là depuis deux bons mois et que les nouveaux ont déjà eu quelques semaines pour s’adapter, Ivan Leko a enfin l’occasion de faire ce qu’il n’avait encore jamais pu faire au Standard : des choix. Et pour un entraîneur croate qui avait toujours été forcé, jusque-là, de jouer la survie, il s’agit d’un réel tournant dans son passage en bord de Meuse.
Dans les buts, Matthieu Epolo a levé les doutes
Nul besoin de réexpliquer la situation compliquée de l’été. Arnaud Bodart n’a pas su partir, Matthieu Epolo s’était vu assurer une place de titulaire, mais n’avait pas convaincu tout le monde malgré quelques bonnes prestations, au SL16 FC.
Alors qu’il aurait pu s’agir d’un nouveau moyen de critique et de pression sur la direction et l’ensemble de l’institution « Standard » si l’intronisation du jeune gardien s’était mal déroulée, celui-ci réalise un début de saison absolument parfait. Dire qu’il est le meilleur portier de ces huit premières journées serait oublier le début de saison de Davy Roef et Colin Coosemans, excellents, eux aussi.
Mais là où Bodart ramenait de précieux points au Standard, le dernier rempart de 19 ans seulement a montré qu’il pouvait le faire tout aussi bien, avec six clean-sheets déjà réalisés depuis le début de la saison. Une belle épine en dehors du pied.
Les postes défensifs sont presque tous doublés
La saison dernière, lors de l’arrivée de l’entraîneur croate, les soucis défensifs étaient tels qu’il avait fallu rappeler Kostas Laifis, écarté du noyau pour avoir voulu forcer son départ, afin de terminer la saison. Entre joueurs non concernés et blessés, Ivan Leko avait vraiment dû composer « avec les moyens du bord ».
Cette année, c’est différent. Si un trio défensif se détache (Ngoy – Bates – Sutalo), les remplaçants que deviennent Hautekiet (surtout) et Noubi (de plus en plus concerné et appliqué dans son jeu) ont montré, notamment contre l’Union, qu’ils pouvaient tenir la maison en l’absence de Ngoy et Bates. Selon l’adversaire rencontré et le type de jeu souhaité, Leko peut donc adapter son trio défensif comme il le souhaite. Une nouveauté.
Même chose, sur les côtés. Leko l’a encore répété avant l’Union, Marlon Fossey est un titulaire indiscutable à droite. Cependant, en son absence, Henry Lawrence (à gauche) et Ilay Camara (à droite) ont aussi très bien presté. Trois joueurs pour deux places, sans compter les blessés que sont Boli Bolingoli et Souleyman Doumbia, qui peuvent occuper le flanc gauche comme le poste de défenseur central gauche.
Price doit se battre pour sa place, Sotiris ne s’impose pas, où est passé Djukanovic ?
C’est aussi vrai, au milieu de terrain. Titulaire indiscutable en fin de saison dernière et en début de saison, Isaac Price a rejoint le banc lors des deux derniers matchs. C’est lui, le milieu de terrain qui a sauté pour évoluer avec deux attaquants. Le Nord-Irlandais n’a pas réalisé un grand début de saison, a vu Marko Bulat s’assurer une place de numéro 10 qu’il a déjà occupée, Aiden O’Neill devenir capitaine au poste de numéro 6, et Léandre Kuavita se révéler et progresser au poste de numéro « 8 ». Un choix fort de Leko.
Les cas de Sotiris Alexandropoulos et Viktor Djukanovic interrogent toujours. Attendus comme deux des recrues les plus importantes des Rouches, le Grec enchaîne les montées au jeu d’une moyenne de dix minutes, tandis que le Monténégrin, d’une valeur de sept millions d’euros, soit le joueur le plus « cher » du Standard, n’a disputé que 22 minutes en trois montées au jeu lors des sept rencontres qu’il a passées dans le groupe. Un « temps d’adaptation » qui devient très, très long.
Les deux rôles de l’attaque sont aussi doublés
Le Standard aurait-il enfin retrouvé un duo d’attaque dangereux et prolifique ? C’est encore beaucoup trop tôt pour véritablement l’annoncer, mais la composition du compartiment offensif des Rouches est intéressante.
Deux profils assez clairs se distinguent : une simulation du modèle « Koller-Radzinski » (toutes proportions gardées, bien entendu), avec deux attaquants bons dans le jeu en déviation et souvent présents dans le rectangle (Eckert Ayensa comme titulaire quand il sera remis de sa petite blessure, et Badamosi comme remplaçant), et deux attaquants plus rapides dont la caractéristique est plutôt de partir dans la profondeur, à savoir Andi Zeqiri et Soufiane Benjdida. Tout en sachant que, comme ce fut le cas lors des deux derniers matchs, Leko peut aussi choisir d’utiliser Zeqiri et Benjdida, selon le style adopté par l’opposition.
Ivan Leko a donc, pour la première fois depuis son arrivée au Standard, des options et des choix à réaliser à toutes les positions ou presque du terrain. Si l’entraîneur croate a très bien su « gratter » les points, autant que possible, en ce début de saison, il a désormais la possibilité de construire une réelle équipe compétitive au style de jeu intéressant capable de se classer, assurément, dans la première moitié du classement.
C’est maintenant que l’on va pouvoir juger le T1 des Rouches dans sa capacité à mettre en place des idées offensives nouvelles pour régler la carence liégeoise du début de saison.