Patrick Remy, ancien entraîneur des Sangliers de Sedan lors de leur folle épopée en Coupe de France et aussi coach à La Gantoise revient sur cette équipe surprise de Jupiler Pro League ayant battu deux fois le Standard de Liège, déjà. Désormais scout pour les Buffalos, il nous parle de ce club déjà bien organisé.
Bonjour Patrick, merci pour votre disponibilité. Comment arrivez-vous à la Gantoise ?
J’ai découvert la Belgique quand j’étais à Sedan. Quand je prends les Sangliers, je prends l’équipe en National et 2 ans après nous arrivons champion de Ligue 2 avec Saint Etienne et en finale de Coupe de France. Puis en 2000, je me fais virer le lendemain du dernier match pour incompréhension avec le président Urano. Un jour, je demande à un agent de me réserver un hôtel à Bruges parce que je voulais aller voir l’ancien entraîneur de la Gantoise avec qui j’avais des affinités. Cet agent m’invite voir Bruges-La Gantoise. Ils étaient 12-13e et le manager général Michel Louwagie me demande de venir au club. A l’époque, cela ne m’intéressait pas d’aller en Belgique car j’étais contacté par Saint Etienne et l’Olympique Lyonnais pour devenir manager général avec Jacques Santini. Ils m’ont fait une proposition sur quatre ans que je ne pouvais pas refuser. J’ai fait deux saisons, le club était en reconstruction avec Michel Louwagie, là-bas, j’ai fait venir des joueurs comme Verschuère, Oyawolé et Ibrahima Fayé. Pour la petite histoire, Verschuère, on l’a pris gratuit deux fois de Sedan et deux fois, Sedan l’a repris en payant (rires).
A cette époque, Eric Joly était capitaine et après il est entré en concurrence avec Verschuère mais avant que j’arrive, il était meilleur joueur étranger de Jupiler Pro League. J’ai aussi eu le plaisir de lancer chez les pros un certain Mido…
J’ai lancé Mido en professionnel à La Gantoise. Une fierté
Pourquoi avez-vous quitté la fonction ?
A la fin de la saison, je me fais virer car ça n’allait plus avec les journalistes et certain joueurs. Et en demandant un document, il y a dix ans, le club m’a demandé de leur proposer des joueurs et puis depuis 2010, j’ai ma société de conseils et je ne travaille que pour la Gantoise. Je monte deux fois par an en réunion de scouting mais je n’ai pas de pouvoir de décision.
Sur 22 000 places, il y a 19 000 abonnés à la Gantoise
Qu’est ce que ce club de La Gantoise représente ?
Il y a une super ambiance et un super stade.C’est comme le PSG avant et le PSG Qatari aujourd’hui. Les Belges ont un savoir faire extraordinaire. Quand je suis arrivé le club était endetté et à force de savoir-faire et de résultats. Ils ont leur propre stade désormais. Il y a 22 000 places et il y a 19 000 abonnés. Il y a des restaurants, c’est bien organisé. C’est un club moderne en Belgique, tout simplement.
Pour 100k euros de plus, Nicolas Pallois signe aux Girondins plutôt que chez les Buffalos
Est-ce la tendance en Belgique ce genre de club « premier de la classe » ?
Il y a quand même une différence entre les 5-6 premiers et les autres. Quand j’arrive en Belgique, Genk avait 20 ans d’avance avec leur stade ultra moderne. La Belgique a un savoir faire incroyable au niveau des affaires. Par exemple, ils construisent sur du dur, ils savent vendre et acheter, leurs stades leur appartiennent. Pour le recrutement aussi, ils ont un coup d’avance. Un gars que vous connaissez à Bordeaux, c’est Nicolas Pallois, je le repère. Je dis à Michel Louwagie qu’il faut le prendre, c’est un bon. Il a une bonne patte gauche et puis je vois l’agent qui est un ami à moi. « On s’en occupe, on va faire une offre » me dit le club. Je vois « Pallois signe à Bordeaux ». Les gens de l’extérieur se disent, « c’est mieux pour lui ». Je demande au manager savoir ce qu’il s’est passé, La Gantoise avait fait une offre 100 000 euros inférieure à Bordeaux et ça s’est fait comme ça. Même chose pour Dylan Bronn qui était aussi fort que Gigot. Le manager me dit ok. Deux mois après, je regarde les informations, Bronn signe à la Gantoise. J’étais hyper heureux. Dernier en date, c’est Owusu qui a été formé à Lyon. Il était le meilleur sur le terrain face au Standard et face à Anderlecht. Ils l’ont payé un million d’euros et ils parlent déjà de le transférer à 15 millions d’euros. Owusu avait fait une saison pleine à Sochaux et Bronn avait 24 matchs dans les jambes. Pour Bronn, Niort le prend pour la N3, mais finalement, ils lui disent de rentrer chez lui et lors d’un stage, le club le rappelle pour faire le nombre et l’histoire est ensuite belle.
Sur les deux matchs, La Gantoise est supérieure au Standard de Liège
Que représente Michel Preud’homme à La Gantoise ?
Michel Preud’homme a décroché une coupe avec la Gantoise en 2010, il est très apprécié pour cela mais ce dont je suis sûr, c’est que c’est un monument en Belgique, il a eu des résultats partout où il est passé. Le Standard était inférieur à la Gantoise sur les deux matchs. La Gantoise joue bien avec un losange au milieu et deux pointes.
Michel Preud’homme est un monument en Belgique. Il a eu des résultats partout.
Nous sommes à Bordeaux, qu’est ce que cela vous évoque ?
Pour la petite histoire, je travaille encore pour la Gantoise en étant scout en France pour le club. J’ai été invité à Bordeaux avec tout le staff administratif et j’ai passé 4-5 jours sur le Bassin d’Arcachon. C’était lors des barrages d’Europa League lorsque Bordeaux était venu à la Gantoise, j’étais à ce match, et au retour, j’ai été invité par le club au Scapulaire. Ca m’a rappelé des souvenirs car avec La Gantoise, on termine deux fois quatrième, on fait l’Intertoto, on joue contre une équipe croate qu’on bat, on joue le Werder de Brême qu’on bat et on se fait éliminer par le PSG de Luis Fernandez et on en prend 7 chez eux. Mais cette année là, on fait aussi 7 victoires de suite dans l’année 2001-2002 et c’est toujours le record.
J’adorais Couecou car il allait au contact et taclait les défenseurs adverses, comme moi
Avez-vous des souvenirs des Girondins lorsque vous étiez joueur ?
Il y avait l’avant centre qui avait marqué 20 buts en Ligue 2 et à Bordeaux ça a été compliqué : Marc Pascal que j’ai connu à Marseille. Le souvenir que j’ai, c’est quand il y avait la guerre avec Marseille. Aussi, mon ami Patrick Battiston qui a fait une grosse partie de sa vie de joueur et d’homme à Bordeaux. Nous nous sommes connus à Metz. C’est un garçon réservé et intelligent. Je partais à Auxerre et lui partait à Bordeaux avec Bernard Zénier qui était le meilleur buteur français avec le moins bon cota de buts sur la saison (18). On se réunit de temps en temps, c’est très sympa.
Et en tant qu’ancien attaquant, lequel des Girondins vous a marqué ?
L’attaquant bordelais dont je me souviens c’était Couecou parce qu’il allait au contact comme moi (rires). Il taclait les stoppeurs adverses, j’adorais ce joueur.
Merci Patrick !
Source: leerosportnews.com