Matthieu Epolo a poussé un énorme ouf de soulagement quand le VAR a invalidé le but d’Adriano Bertaccini samedi. Il va devoir en sortir plus fort.
Depuis le début de la saison, on sentait que Matthieu Epolo, à un moment ou l’autre, allait finir par commettre une bévue fatale. Fabuleux sur sa ligne, parfois présenté hâtivement par certains comme l’un des meilleurs gardiens de Belgique, Epolo a aussi d’énormes défauts, comme un manque de concentration et des prises de décision parfois franchement discutables.
C’est le genre de choses qui se « sent » : si on sait qu’Epolo est capable d’arrêter à peu près n’importe quel ballon, on « sent » qu’à son âge, il n’a pas encore évacué le facteur danger de son jeu. La saison passée, ses bourdes occasionnelles avec le SL 16 passaient inaperçues dans l’anonymat de la Challenger Pro League.
Cette saison, il est sous les feux de la rampe, à 19 ans seulement. Peut-il gérer cette pression, celle de tout un stade qui en est venu à la fois à attendre des miracles de sa part mais aussi à craindre ce genre d’erreur ? Succéder à un « enfant chéri » de Sclessin comme Arnaud Bodart n’est pas facile.
Une bourde qui aurait pu détruire Epolo
Jeudi passé, en Coupe, on se disait que le conte de fées continuait. Si Epolo commençait à sortir des penalties dans les prolongations, mentalement, c’est qu’il était solide, non ? L’erreur de samedi faisait encore plus mal en comparaison. Car elle est à peu près inexplicable, impardonnable, incompréhensible : comme on dit, le gardien du Standard a eu un bug dans la matrice.
Et si ce but avait été – comme il aurait dû l’être ! – validé, il y a lieu de se demander à quel point cela aurait affecté la carrière de Matthieu Epolo. Un gardien dans son style marche à la confiance ; faire une telle bourde, qui aurait (encore plus) fait le tour du monde, qui aurait peut-être créé une défiance entre lui et son public, aurait pu être dévastateur.
Pour cette fois, Epolo a reçu un « joker » : il a goûté à l’humiliation, à la déception, il a très probablement pris une soufflante d’Ivan Leko et de son entraîneur des gardiens dans le calme du vestiaire (le coach des Rouches a par ailleurs magnifiquement géré la situation en conférence de presse)… mais « ça ne comptait pas ». Après le but égalisateur annulé pour Ludogorets contre Anderlecht, David Hubert avait dit une chose intéressante : il était « heureux » que ce but soit rentré, car même s’il avait été annulé, les joueurs avaient goûté à la déception le temps du VAR-check, et cela avait réveillé tout le monde.
Matthieu Epolo doit prendre la chose dans le même sens : qu’il se souvienne des quelques minutes lors desquelles il a cru avoir coûté deux points à son équipe. C’est en gravant cela dans sa mémoire, et en refusant de revivre cette sensation, qu’il pourra en sortir grandi et devenir un meilleur gardien de but.