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« C’est criminel », « une activité frauduleuse » : ce que révèle la plainte au tribunal de New-York contre le propriétaire du Standard, 777 Partners

Le groupe 777 Partners est bien mal embarqué. Le propriétaire du Standard de Liège est poursuivi en justice aux Etats-Unis et en Belgique. Il fait l’objet d’au moins 16 plaintes au tribunal de New-York pour fraude et dettes impayées. Il est attaqué par des compagnies de location d’avions, des investisseurs, d’anciens responsables de 777 ou encore American Express qui réclame 324.000 dollars. Parmi ces plaignants, il y a également une société qui demande quelque 600 millions de dollars. Nous avons pu mettre la main sur le dossier d’accusation qu’elle a rédigé et déposé au tribunal. Le Standard est cité à plusieurs reprises. Pourquoi ? Que risque-t-il ? Tentative de réponse.

Une source anonyme balance, une enquête confirme

Tout commence en mai 2021, le groupe 777 Partners est en pleine expansion, il se développe. Pour financer ses ambitions, il cherche des liquidités, des investisseurs. Josh Wander, le patron de 777 et ses associés sollicitent alors les Anglais de Leadenhall pour obtenir un prêt de 350 millions de dollars. Les Américains se montrent rassurants. Ils prétendent avoir suffisamment d’actifs pour rembourser le prêt et ainsi honorer leur dette. 777 répétera cela 40 fois avant que la supercherie ne s’achève 1 an et demi plus tard. En septembre 2022, soit environ 6 mois après le rachat du Standard par 777, une source anonyme contacte Leadenhall par mail et dénonce :

Les actifs mis comme garanties n’existent pas. Josh Wander ne les a pas achetés, ou les a déjà utilisés comme garanties d’un autre prêt. Vous êtes en danger, votre investissement n’est pas sécurisé. Ce qu’il fait est criminel

Leadenhall lance alors sa propre enquête et très vite, les accusations sont confirmées. Une partie des actifs, environ 100 millions de dollars, promis par 777 comme garantie servent aussi de garantie à un autre préteur de 777. Une double garantie sur une seule et même somme : c’est illégal.

Le patron de 777 Partners tentera de désamorcer la bombe « il s’agissait d’une erreur embarrassante » aurait-il avoué, avant d’ajouter qu’il souhaitait « que tout s’arrange » mais qu’il reconnaissait « que l’accord conclu n’avait pas été respecté, mais que c’était par inadvertance » relate le document.

« Je vole Peter pour payer Paul »

Pour les avocats de Leadenhall, tout cela était organisé « Josh Wander utilisait des prêts comme garantie auprès d’autres préteurs afin d’obtenir plus de prêts et ainsi financer ses entreprises et clubs de football dont la plupart sont lourdement endettés ». Les avocats utilisent une formule pour résumer la situation « c’est une répétition infinie de « je vole Peter pour payer Paul » ». « Au mieux », poursuivent-ils, « c’est un grand tour de passe-passe. Au pire, un système de Ponzi ». Le groupe américain propriétaire du Standard est ainsi accusé d’avoir mis sur pied une véritable arnaque à l’échelle mondiale.

Pourquoi une chute maintenant ?

Si le système a tenu jusqu’ici, c’est parce que 777 a toujours été capable de trouver de nouveaux investisseurs. Il est aussi suspecté d’avoir falsifié des documents. Mais surtout, il a pu compter sur le soutien d’un partenaire de longue date, une compagnie d’assurance nommée A-CAP. Son patron est un proche de Josh Wander et comme 777, A-CAP est poursuivie en justice par Leadenhall. Ses avocats l’accusent d’être « le marionnettiste »« le magicien d’oz » responsable des agissements de 777. Leur relation et l’implication de A-CAP dans les décisions de 777 sont d’ailleurs décrites de long en large sur près de 15 pages. A-Cap aurait ainsi investi près de 2 milliards de dollars dans 777 Partners, rien que ça. Et ces 2 milliards, ce sont les assurances maladies et pensions de millions d’Américains.

Mais en 2023, tout bascule. Alors que Leadenhall enquête et prépare ses armes contre 777, le groupe américain continue d’étendre sa galaxie football. Son nouvel objectif, s’offrir le club anglais d’Everton. Pour s’assurer de la santé du candidat acheteur, la fédération anglaise demande à consulter ses comptes audités, 777 refuse. Le doute s’installe, la tentative de rachat s’éternise et cela attire l’attention. Petit à petit, la presse étrangère et notamment le média norvégien Josimar révèlent les agissements de 777. Les investisseurs prennent peur, ils se font plus rares. Pire, le partenaire privilégié de 777, le fameux A-CAP est contraint par deux États américains de diminuer ses investissements dans le groupe. Ils sont considérés comme trop risqué par les autorités américaines. Le montage financier de 777 s’écroule. Dans l’impossibilité d’emprunter, le groupe ne peut honorer ses dettes. Ses prêteurs le poursuivent en justice.

Leadenhall réclame aujourd’hui 600 millions de dollars de dommages et intérêts, mais pose une question qui résume l’état de santé du groupe 777 « pourrons-nous récupérer des millions de ce château de cartes sur le point de s’effondrer ? ».

Et le Standard ? Le scénario de la faillite plus si improbable

Le club de Sclessin est cité plusieurs fois dans le dossier. Les avocats le présentent comme un club déficitaire, renfloué régulièrement par 777 et pourtant « incapable de payer les joueurs, les employés et le staff à temps, au point d’être sanctionné par la League » (ndlr. la commission des licences). Les avocats rappellent aussi que si le Standard a obtenu sa licence, c’est parce que la société 600 Partners, filiale de 777, a fourni une lettre de confort à la commission. Une information que nous évoquions fin avril. La société s’est portée garante disent les avocats, mais elle a refusé de fournir des comptes audités aux autorités du football belge. 600 Partners est également poursuivie devant le tribunal de New-York, ce qui n’augure rien de bon pour les Rouches et leurs supporters.

Pour faire simple, le propriétaire du Standard et son garant financier sont tous deux poursuivis devant la justice américaine. Ils devront se défendre, mais très clairement, le risque d’être condamné est énorme. Dans ce cas, la situation du Standard sera extrêmement précaire. Le club serait privé de l’argent de 777, il ne pourrait plus que compter sur ses propres moyens et ceux-ci sont réduits. Par effet domino, le Standard risque donc de ne plus pouvoir honorer ses obligations, cela aurait même déjà commencé. Alors soit un repreneur se fait connaître, soit l’ancien président Bruno Venanzi revient au Standard, le remet en selle et tente de le revendre, soit c’est le scénario catastrophe : la faillite. Ce qui était impensable il y a encore quelques années pourrait bien devenir réalité au grand dam des supporters liégeois et du football belge.

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  • Bonsoir, à la lecture de l'excellent article rédigé via une interview de mon ami Michael DANTINNE, je suis convaincu comme lui (mais nous verrons si la conclusion est bonne) que nous allons vers une procédure de réorganisation judiciaire au standard de liège.
    C'est pour moi, la seule issue possible pour mettre à plat ces mouvements artificiels de fonds organisé via un trucage de sociétés diverses.
    Quand je parlais de la pyramide de PONZI, ces mafieux américains sont en train de faire revivre le système inventé par cet escroc notoire ; mais ceci n'est pas nouveau loin de là et n'est pas prêt de s'arrêter dans nos sociétés basées principalement sur le profit financier à court terme!!.
    C'est catastrophique dans un premier temps mais il faut espérer que l'esprit standard et son histoire feront partie de sa résilience
    Je vous souhaite une excellente soirée.

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